Expériences de l'Injep

De Intercoop
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Coopérer entre formateurs en milieu institutionnel

Voici l'état de nos expériences et réflexions sur la coopération à l'été 2007, après un travail d'une année mené par l'Injep (Institut national de la jeunesse et de l'éducation populaire, http://www.injep.fr), le Creps (centre d'éducation populaire et de sports) d'Aquitaine (http://www.creps-aquitaine.fr), le Creps d'Ile-de-France (http://www.creps-ile-de-france.jeunesse-sports.gouv.fr) et le Creps de Corse (http://www.creps-corse.jeunesse-sports.fr).

Ces réflexions concernent la mise en oeuvre de pratiques coopératives dans des formations d'éducation populaire, et plus précisément dans la mise en commun de ressources pédagogiques afin de constituer un fonds commun et ouvert à tous de contenus de formation sur différents thèmes (nom du projet : la "bibliothèque de l'éducateur populaire").

Un moment fort de nos réflexions/expériences a été le stage "Comment accompagner un projet coopératif", qui a rassemblé 17 personnes du 20 au 23 mars 2007 (voir http://www.injep.fr/En-avant-le-travail-cooperatif.html).

Un exemple de projet coopératif : la bibliothèque de l'éducateur populaire

Ce projet a été initié en 2006 par l'unité de la recherche et des formations de l'Injep, dont le directeur souhaite la mise en ligne d'une base coopérative de ressources pédagogiques libres couvrant différents champs de l'éducation populaire, des politiques jeunesse et de la vie associative.

Pourquoi une approche coopérative pour construire la "bibliothèque de l'éducateur populaire" ? Parce que, faisant le constat de la dispersion et de la rareté de la matière pédagogique partagée au regard de la richesse d'une matière produite "en salle" et financée sur des fonds publics, il a paru intéressant à l'Injep et ses partenaires de tenter une démarche de production coopérative (sans s'empêcher d'avancer également dans une autre direction qui consiste à rémunérer de la création de contenus pédagogiques par des formateurs/auteurs).

Un paradoxe de la coopération

Comment développer la coopération en milieu institutionnel sans la tuer dans l'oeuf en... l'institutionnalisant (avec commande institutionnelle, chef de projet, délais, objectifs, budget, bilan annuel...) ?

Réponse : elle ne doit pas faire l'objet en tant que telle d'une commande officielle (ou alors, si elle l'est, il faut que la commande institutionnelle laisse de la liberté au projet). Elle peut être développée "en sous main" par des acteurs qui disposent d'assez de liberté ou/et de confiance dans le cadre de leurs missions.

Nos attentes par rapport à la coopération

Comment le projet coopératif initial est-il construit ensemble, par les premiers participants au projet ?

Qui dit éducation populaire dit transformation de la société et de l’individu. Comment faire pour que la coopération permette de remettre en cause le déséquilibre entre "ceux qui savent" et "ceux qui ne savent pas" ?

Comment faire pour que la coopération ne concerne pas que les élites d’une communauté ?

Comment faire pour que la coopération prenne aussi en compte les "savoirs d’expérience", moins formalisés et moins facilement partageables à distance ?

Comment la coopération produit-elle des alternatives au monde marchand et à la privatisation des savoirs ?

Les conditions de la coopération

- environnement d’abondance

- rôle indispensable d’un coordinateur, dont le rôle est en particulier de créer une abondance au départ du projet, faire circuler l’information entre le coopérateurs et de maintenir ouvertes les portes du groupe.

- avoir du temps devant soi

Les freins à la coopération

1) les freins à l'abondance

- la sous-traitance de la formation

Lorsqu'un formateur fait de l’ingénierie, du montage de formations et ne forme pas "en direct", on constate qu'il y a peu de création de ressources partageables, car les formateurs sous-traitants auxquels il fait appel produisent rarement des ressources réutilisables (surtout si on les paie seulement pour faire de la formation orale sans création de ressources).

Une solution : rémunérons la création de contenus de formation, en prévoyant une diffusion possible en accès libre ou restreint (licences Creative commons).

2) la préservation des zones de pouvoir

Coopérer, c'est remettre en cause les fonctionnements traditionnels. La légitimité est désormais fondée sur l'apport à la communauté et non sur le statut. Pour les supérieurs hiérarchiques, il est souvent difficile d'accepter que chacun puisse devenir créateur de contenu et d'identifier le nouveau rôle à avoir.

3) la fracture numérique

Ceux qui n’ont pas accès ou qui ne maîtrisent pas les NTIC se retrouvent handicapés pour coopérer.

Avec un phénomène particulier aux NTIC, qui fait que ceux qui les maîtrisent ont parfois du mal à les apprendre aux autres, que ceux qui ne les utilisent pas préfèrent souvent camper dans leur ignorance, et que la hiérarchie ne prend pas suffisamment la mesure du problème et les moyens de remettre tout le monde à niveau.

Une réponse : la simplification des outils, qui deviennent de plus en plus simples à utiliser... à condition de bien les choisir... et la formation.

Pistes pour coopérer

1) créer de l'abondance de ressources, de projets

- Rassembler, recycler, classer et mettre en valeur l’existant

- mettre en ligne des contenus papier (revues, livres) sur lesquels on a des droits de reproduction

- organiser des "vraies" rencontres

- une formation 
 - installer un wiki, un blog, une liste de diffusion, etc. pour la préparer de façon coopérative 
 - mettre en ligne, sous Creative commons, ses supports de formation 
 - enregistrer, filmer et mettre en ligne 
 - productions collectives par les stagiaires 
 - faire des synthèses sur wiki en fin de journée 
- un colloque 
 - faire un appel à contributions et les mettre en ligne au fur et à mesure 
 - aller chercher soi-même un fonds de contributions et le mettre en ligne avant le colloque 
 - recycler de l'existant 
 - faire ou faire faire des interviews 
 - enregistrer, filmer et mettre en ligne 
 - faire des synthèses sur wiki en fin de journée

- former aux outils de production et de partage (wiki, Spip, blogs...)

- syndiquer des contenus avec d'autres acteurs/réseaux

2) former à la coopération

- formation à la coopération former des coordinateurs de réseaux a minima, cela fera de bons contributeurs

3) développer une culture de l'écrit partagé

- blogs, wikis, spip...

4) avoir un coordinateur formé à la coopération

5) s'ouvrir sur l'extérieur et sur d'autres réseaux

- sans attendre d'être arrivé à bien coopérer en interne